Marie-Joëlle Croteau

Il n’était pas tout à fait une fois, une  « pas tout à fait trentenaire » qui adorait conter toutes sortes d’histoires. Tantôt elle racontait sa vie, parlant de ses recettes préférées et de son 52e enfant qui avait un don particulier pour redécorer toutes les chaussures qui passaient par là, d’un teint jaune-vert-marron-rose de sa bile magique, qui sortait aussitôt qu’on frottait le petit génie, tantôt elle contait des contes que tout le monde connait, ceux de grimm étaient parmi ses préférés ; elle avait un penchant pour les 3 p’tits cochons et le p’tit chaperon rouge…les versions revisitées avaient toute son attention puisqu’elle avait du mal à saisir la logique de guérir une grand-mère à grand coup de cholestérol, moyennant des biscuits et un p’tit pot de margarine. Bref, la « pas tout à fait trentenaire » adorait conter toutes sortes de choses et un beau jour on lui parla des nouveaux visages du conte. Bien qu’elle était loin d’avoir un nouveau visage avec ses rides qui parlaient tranquillement au coin de ses yeux agrémenter de pattes d’oie dans le genre vilain p’tit canard, elle fut intriguée par l’idée. Elle avait l’habitude de conter une seule fois par année, au festival des contes et légendes de Leeds, mais pour une raison qu’elle n’a encore jamais dite à personne, elle avait envie de conter par de là le p’tit patelin de Saint-Jacques de Leeds. Elle avait une envie folle de renouveler sa face et décida donc de prendre son courage avec sa langue et demanda à qui fallait s’adresser. Et elle s’adressa. Elle s’adressa au messie, celui qui laissait une chance au p’tit, au grand, au moyen, au ridé pas ridé de conter devant un auditoire de ville. La suite de l’histoire s’écrit à l’instant, alors que  la « pas tout à fait trentenaire » se trimballe un peu partout avec ses recettes à partager, une pincée de passion, une cuillère à thé de sauterelle et une bonne dose d’amour à mélanger partout, partous.